Actualité > Le débat sur le pic pétrolier serait inutile

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Par Grégoire Macqueron, Futura-Sciences       Bookmark and Share

Un jour, la production de pétrole atteindra un maximum et commencera à baisser. Mais quand ? « Avant 2030 » répond une étude britannique, mais la réponse exacte serait sans intérêt.

Le Centre de Recherche sur l’Energie du Royaume-Uni (Ukerc) a publié le 8 octobre 2009 un rapport sur le risque de pénurie généralisée du pétrole. Ce rapport de 500 pages porte plus précisément sur la date de survenue du peak oil, dans le but de clarifier les polémiques sur ce débat.

Rappelons que le peak oil, en français le pic pétrolier, représente le moment où la production de pétrole cessera d’augmenter et commencera à décliner. Découvrez l'interview vidéo de Jean-Luc Wingert sur cette question. Les polémiques portent sur la date d’occurrence de pic en fonction des réserves de pétrole prouvées et hypothétiques et de l’évolution des technologies d’extraction du précieux or noir.

L’objectif du rapport de l’Ukerc était donc d’apporter des réponses à la question :

« Quelles preuves étayent la proposition que l’approvisionnement global en pétrole conventionnel sera contraint à la réduction avant 2030 ? » Autrement-dit, doit-on s’attendre à voir ce peak oil avant 2030 ?

Ce rapport ne concerne que le pétrole dit conventionnel, c'est-à-dire le pétrole brut, les condensats (pétrole léger) et le gaz naturel liquéfié. Les sables et schistes bitumineux, le gaz naturel et la biomasse sont exclus de l’étude. Il se concentre sur les facteurs physiques de production et sur l’étendue des impacts possibles des investissements économiques et technologiques. Les risques géopolitiques (guerre, nationalisme, etc.), sur lesquels ne porte pas le débat, ne sont pas pris en compte.

Il ressort de l’étude que le pic sera atteint avant 2030, quelles que soient les ressources découvertes et l’évolution des technologies. Il devrait être atteint entre 2009 et 2031, probable avant 2030 et avec un risque significatif avant 2020. Etant donné les délais nécessaires au développement de carburants de substitution et à l’amélioration énergétique, le risque d’une pénurie globale doit être sérieusement pris en compte.


Cliquer pour agrandir. Ressources passé et futur en pétroles (y compris non conventionnels) des différentes régions du monde. Ici, on distingue un pic (le pic pétrolier) vers 2012. © Association pour l'Etude du Pic Pétrolier (ASPO), 2004

Dans le détail, les conclusions clefs du rapport sont les suivantes:

  • Les mécanismes qui mènent à un pic de pétrole conventionnel sont bien compris et identifient les contraintes d’approvisionnement, tant régional que global.
  • Malgré beaucoup d’incertitudes dans les données disponibles, les informations sont suffisantes pour permettre l’expertise de l’état des stocks pétroliers et du risque d’une pénurie globale.
  • Il est possible d’améliorer le consensus sur les importantes, et durables, controverses comme la quantité des « réserves croissantes » et les sources des données.
  • Les méthodes d’estimation de la taille des ressources et de prédiction des approvisionnements futurs ont des limitations importantes qui doivent être reconnues.
  • Des ressources importantes de pétrole conventionnel sont peut-être disponibles mais il y a peu de chance qu’elles soient accessibles rapidement. Elles pourraient, en outre, avoir peu d’impact sur l’occurrence du pic pétrolier.
  • Les risques engendrés par une pénurie généralisée de pétrole méritent une attention bien plus sérieuse de la part de la recherche et des politiques publiques.

L’addition salée du petit noir

Les implications politiques principales, au nombre de trois, portent sur l’effort de préparation à l’après-pétrole :

  • La réduction de la consommation promet d’être un réel challenge compte tenu de l’échelle des investissements nécessaires et des délais associés.
  • Bien que les effets de la pénurie en pétrole puissent rejoindre les politiques de lutte contre le changement climatique, l’exploitation des pétroles non conventionnels riches en carbone sera très attractive. Il est essentiel d’investir rapidement dans des alternatives pauvres en carbone.
  • Sans des politiques de soutien, les investissements pour des efforts de réduction à grande échelle seront pénalisés par l’incertitude et la volatilité des prix du pétrole. Les programmes internationaux pourront encourager ces investissements, mais peut-être pas assez rapidement. Une meilleure compréhension et prise de conscience des risques d’une pénurie généralisée est essentielle pour assurer la faisabilité politique de tels investissements.

Quoiqu’il arrive, il y a de très fortes probabilités que le pic pétrolier soit atteint avant 2030. La recherche ne s’intéresse qu’encore peu aux risques et conséquences d’une pénurie, préférant se focaliser sur la question de la sécurité des approvisionnements. Cependant, le délai pour s’adapter à cette future pénurie de pétrole est très court, au regard des actions à mettre en place. Passer à l’après-pétrole risque d’être un véritable challenge pour les politiques publiques.

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